- fener
- Fener, actif. acut. (Que les François prononcent par A obscur, comme ente tente, fente, Selon la reigle de la voyele E, suyvie de la consone N, à peu pres que s'il estoit escrit Faner) vient du Latin Foenum, comme si on disoit Foiner de Foenare inusité, et par tant signifie proprement reduire l'herbe verte fauchée en foin, ce qui se fait en la retournant avec des fourches pour la faire secher au Soleil et à l'essaur du jour, Herbam foenisicio sectam furcillis insolandam versare, Aussi dit on fener quand l'herbe à foin est fauchée et estendue sur le pré, et on la retourne ce dessus dessous pour la faire secher. Et parce qu'estant devenue foin, elle est de couleur palle et blasfastre, on dit, par metaphore de toute autre herbe et de toute fleur et fruict qu'ils sont fenez quand par secheresse ils ont perdu leur naïf teinct et couleur, et sont devenu blafastres. Ainsi le Picard dit, Me rose est toute fenée, Flaccida, excolor, exaruit. Aucuns le veulent tirer de Vanescere Latin par prolation barbare de la consone v, ou mutation d'icelle en F, comme si on disoit Fanescere, mais telle opinion est refutable en trop de sortes.
Thresor de la langue françoyse. Jean Nicot.